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Marie-Madeleine BERTUCCI (IUFM-Versailles)L’emploi du genre et du nombre par des élèves créoles de La Réunion. Approches linguistiques et perspectives didactiques
(The use of gender and number by creole students in La Reunion. Linguistic approach and didactic perspectives)2001, Vol. VI-1, pp. 75-88On se propose d'examiner certains des dysfonctionnements linguistiques des élèves créoles de La Réunion, à travers les catégories du genre et du nombre, dans le contexte linguistique particulier de la diglossie. Le postulat de départ s'appuiera sur l'idée que la diversité des erreurs d'orthographe dissimule une certaine systématicité. L'hypothèse tendrait à montrer qu'il existe sous l'apparente instabilité des erreurs, trois grands traits : la régularité, la différenciation et l'uniformisation. On assisterait donc à un double mouvement de simplification et de complexification, se traduisant à la fois par une absence de discrimination, des assimilations, des alignements et des figements. Les dysfonctionnements portant sur les morphogrammes grammaticaux illustreront notre analyse. Enfin dans un deuxième temps afin d'ouvrir la réflexion, on s'interrogera sur les perspectives didactiques à envisager, pour tenter de remédier à ces phénomènes.wLa matérialité et la prédiction des systèmes vocaliques et syllabiques nous semble un espace privilégié pour faire un état de la question à partir de travaux menés dans ce domaine à l'ICP à la lumière de certaines tendances universelles.
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Annegret BOLLÉE (Bamberg, Allemagne)Lexicographie créole : problèmes et perspectives
(Creole lexicography: problems and perspectives)2005, Vol. X-1, pp. 53-63La contribution, qui ne prend en considération que les créoles à base de langues romanes, s’ouvre par un bref historique sur les inventaires lexicographiques existants. La deuxième partie est consacrée aux problèmes de la lexicographie créole, qui sont en partie les mêmes que pour la description de n’importe quelle autre langue. Certains problèmes spécifiques de la lexicographie créole tiennent au fait qu’il s’agit de langues orales qui ne font qu’accéder à la scripturalité ; pour cette raison, les inventaires lexicographiques sont souvent destinés à fixer une graphie, voire une orthographe, et ils reflètent une étape de l’élaboration du vocabulaire technique et scientifique qui peut se nourrir de la langue de base ou être créé par les moyens de formation de mots propre au créole en question. Ces problèmes seront discutés et illustrés par des exemples pris dans les publications récentes.
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Arnaud CARPOORAN (Maurice)Langue créole, recensements et législation linguistique à Maurice
(Creole language, statistics and language legislation at Mauritius)2005, Vol. X-1, pp. 115-127On se propose d'étudier ici les liens entre langue créole et législation linguistique à Maurice sachant que ce créole est la langue la plus utilisée dans les pratiques communicatives orales, comme l'attestent les données de recensement, tout en étant officiellement et institutionnellement minorée. Nous tenterons de mettre en évidence, d'une part, le choix particulier du mode implicite par le législateur à chaque fois qu'il s'agit de faire de la place au créole dans les usages officiels et d'autre part, les fréquents décalages qui existent entre textes réglementaires et pratiques linguistiques effectives.
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Robert CHAUDENSON (Aix-en-Provence)Description et graphisation : le cas des créoles français
(Description and graphisation in French creoles)2005, Vol. X-1, pp. 91-102Les progrès des techniques informatiques (mise au point de la norme Unicode qui permet de mettre à disposition du créateur de code graphique n'importe quel signe) rendent paradoxalement plus nécessaire encore la distinction entre deux stades de la réflexion et de l'action dans la mise au point de codes graphiques pour les langues qui n'en possèdent pas. On propose donc ici de distinguer la "graphiation", qui inclut toutes les formes d'approches de la problématique de l'écriture de ces langues (qu'il s'agisse de considérations sociales, économiques, psychologiques ou, bien entendu, linguistiques) d'un stade de réflexion et d'intervention ultérieur, la "graphisation" qui inclut, elle, les solutions techniques qui se dégagent des conclusions de la réflexion antérieure. En somme et en simplifiant beaucoup, il faut se demander "pour quoi ?" on écrit une langue avant de décider "comment" on choisit de le faire.
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Michel DEGRAFF (MIT, États-Unis)Do Creoles languages constitute an exceptional typological class ?2005, Vol. X-1, pp. 11-24
<p>Cet article passe en revue un certain nombre d'hypothèses qui font des créoles une classe <em>sui generis</em> d'un point de vue historique et/ou typologique. Avec le créole haïtien comme point de référence, je dresse la liste des failles empiriques et théoriques de ces hypothèses. Les dernières, sous-jacentes à nombre de textes de créolistique contemporaine, ont des antécédents intellectuels dans ces travaux (pseudo-)savants, qui, à partir du XVIIè siècle, incluent les hypothèses (pré-/quasi-)darwiniennes de la genèse des créoles. Je conclus en esquissant une théorie alternative qui rend mieux compte des structures des créoles et de leur développement.</p>
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Alain GUILLAUME (Université Quisqueya, Haïti)L'expression créole du droit : une voie pour la réduction de la fracture juridique en Haïti
(How law is expressed in creole or how to diminish the juridical differences in Haiti)2011, Vol. XVI-1, pp. 77-91La société haïtienne est marquée par toute une série de dichotomies qui se manifestent au niveau du droit à travers un bilinguisme inégalitaire et une forme particulière de bi-juridisme. L'intégration juridique de la Nation passe par l'expression créole du droit et la prise en compte, dans le droit écrit, des normes coutumières, démarches complémentaires susceptibles d'enrichir le droit substantiel haïtien, mais dont la mise en ouvre se révèle complexe.
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Marie-Christine HAZAËL-MASSIEUX (Aix-en-Provence)L'évolution des langues créoles vers l'écriture
(Creole languages on their way to writing)1997, Vol. II-2, pp. 7-18Cet article tente de préciser ce qu'implique l'évolution actuelle vers l'écriture des créoles, qui sont des langues essentiellement orales. Il se propose notamment de montrer que le passage à l'écriture, loin de n'être qu'un simple problème technique, est une question à multiples composantes, liée à ce que les conditions de communication sont tout autres à l'écrit qu'à l'oral. Le développement d'une littérature autonome joue à cet égard un rôle tout à fait déterminant.
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Marie-Christine HAZAËL-MASSIEUX (Aix-en-Provence)L'écriture des créoles au début du 3e millénaire : état de la question
(The writing of French creoles at the dawn of the 3rd millennium: an inventory)2005, Vol. X-1, pp. 77-90Le contraste entre les attitudes de la population à l'égard des créoles écrits et les efforts des linguistes reste un sujet d'étude important qui mérite d'être ré-examiné régulièrement. Alors même que des tentatives de « normalisation » de systèmes graphiques créoles sont entreprises un peu partout, les réactions des locuteurs, scripteurs potentiels, évoluent assez peu. Les militants voudraient, quant à eux, voir rapidement se modifier des situations qui ne sont pas en faveur d'un écrit créole. Différents cas, différents pays méritent ainsi d'être pris en compte afin de mieux comprendre les situations dans lesquelles les créoles écrits se développent et qui sont toutes, à un degré ou à un autre, marquées par la diglossie ou même par divers modes de plurilinguisme.
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Marie-Christine HAZAËL-MASSIEUX (Aix-en-Provence)Prolégomènes à une néologie créole
(Towards a creole neology)2002, Vol. VII-1, pp. 113-121 -
Marie-Christine HAZAËL-MASSIEUX (Aix-en-Provence)Les corpus créoles
(Creole corpora)1996, Vol. I-2, pp. 103-110 -
Lambert Félix PRUDENT (La Réunion)Langue et culture créoles : création d'une discipline et construction de normes
(Creole language and cultures: creating a discipline and norms)2005, Vol. X-1, pp. 103-114En 2001 l'Etat a fait des créoles guadeloupéen, guyanais, martiniquais et réunionnais une seule et même "langue régionale de France". La principale mesure éducative de cette politique se résume à la création d'un CAPES unique dans cette matière. Ignorant les différences territoriales, sous-estimant la complexité de l'établissement d'une norme régionale et se fiant au discours pan créole militant, les Autorités ont lancé une opération sans guère de retombées positives. L'article conclut à la nécessité d'une linguistique différenciée et préconise, pour l'avènement d'une politique réaliste, la création d'instances normatives imaginatives et pragmatiques.
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Emmanuel SCHANG (Orléans)CreolData : une base de données lexicales sur les langues créoles
(CreolData: a lexical database on creole languages)2005, Vol. X-1, pp. 65-76Dans cet article, nous présentons CreolData, un projet de constitution d'une base de données lexicales multilingue sur les créoles portugais d'Afrique. Nous en décrivons tout d'abord les objectifs (§ 2) et les langues concernées (§ 3). Puis nous indiquons les caractéristiques techniques de ce projet (§§ 4, 5, 6). Nous concluons par une présentation des développements futurs (§ 7).
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Albert VALDMAN (Indiana University, États-Unis)Vers la standardisation du créole haïtien
(Towards a standardisation of Haitian creole)2005, Vol. X-1, pp. 39-52Cette contribution passe en revue les problèmes fondamentaux qui se posent dans la création d'une norme écrite pour le créole haïtien : (1) la sélection parmi les variantes topolectales et stratolectales ; (2) l'élaboration d'une orthographe autonome systématique à base phonologique au lieu d'une graphie étymologique reflétant celle du français standard ; (3) la normalisation face à des alternances morphophonologiques libres ou reflétant la variation diaphasique. Elle aborde la question de la préparation d'un dictionnaire unilingue, véritable pierre de voûte de l'ouvre de standardisation.
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Georges Daniel VÉRONIQUE (Paris III)Interlangues françaises et créoles français
(French and French creole interlanguages)2005, Vol. X-1, pp. 25-37Cette contribution établit le rôle central de l'appropriation linguistique dans la genèse des langues créoles. Les notions de pidgin, de pidginisation et de créolisation sont analysées à la lumières des recherches sur l'acquisition des langues et sur les contacts interlinguistiques. L'évolution du système verbal et de la négation des langues créoles françaises émergentes est comparée aux séquences de développement observées dans des interlangues françaises.
Crioulos