2018-2 | Multilinguisme : diversité des approches (Multilingualism: diversity of approaches) | |
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Présentation(Presentation)pp. 5-6
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François GROSJEAN (Université de Neuchâtel)Ȇtre bilingue aujourd'hui(Being bilingual today)pp. 7-14
Cette brève contribution commence par les facteurs qui favorisent le bilinguisme et les mythes qui l'entourent. Suivent alors deux parties. Dans la première, consacrée à la personne bilingue, l'auteur définit le bilinguisme, explique le principe de complémentarité, évoque l'évolution des langues chez le bilingue, aborde les modes langagiers dans lequel il se trouve - mode monolingue et mode bilingue - tout en rendant compte de la notion d'interférence et du parler bilingue, et dit quelques mots au sujet du biculturalisme. Dans la deuxième partie, dédiée à l'enfant bilingue, il présente les éléments qui favorisent le bilinguisme enfantin, aborde le bilinguisme simultané et successif, décrit la production langagière de l'enfant bilingue, et termine avec les effets du bilinguisme.
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Lyanne AHUMADA-EBRATT, Barbara KÖPKE & Kleopatra MYTARA (Université de Toulouse)Les différentes langues du multilingue en interaction : entre influence translinguistique et attrition(Interactions among languages in the multilingual mind: between crosslinguistic influence and attrition)pp. 15-28
Cet article aborde les interactions entre les langues du multilingue décrites par les études portant sur l’influence translinguistique, sur les changements de dominance, et surtout sur l’attrition des langues. Nous évoquerons d’abord l’attrition d’une première langue en faisant le point sur l’état des connaissances par rapport à trois grandes questions: pourquoi l’attrition survient, comment elle se déroule et quelles sont les structures linguistiques affectées. Nous développerons notamment les interactions au sein du lexique mental en discutant différents facteurs psycholinguistiques pouvant expliquer pourquoi certains mots sont plus enclins à susciter des extensions sémantiques que d’autres. Nous évoquerons ensuite l’attrition d’une langue seconde ou étrangère en faisant le point sur les résultats au niveau des facteurs extralinguistiques et linguistiques.
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Henny BIJLEVELD & Françoise ESTIENNE (Université Libre de Bruxelles / Université Catholique de Louvain)Multilinguisme et troubles du langage : état des lieux et modes d'action auprès d'enfants de la région de Bruxelles(Multiligualism and language disorders: current situation and specific actions with chidren in the Brussels region)pp. 29-44
Après avoir situé le multilinguisme à l’échelle de Bruxelles, les auteures complètent l'article de F. Grosjean (dans ce numéro) en survolant, sous un autre angle, les diverses formes de multilinguisme, ses modalités d’acquisition et ses avantages qui dépassent de loin quelques éventuels inconvénients. Elles décrivent et analysent comment se passe une consultation pour enfants et adolescents multilingues qui sont envoyés pour troubles du langage. Elles s'intéressent plus précisément encore au bégaiement pour réfuter un préjugé encore trop répandu qui incrimine le multilinguisme comme cause de son éclosion.
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Marita HÄRMÄLÄ & Artashes BARKHANAJYAN (Finnish Education Evaluation Centre, Helsinki / National Polytechnic University of Armenia, Yerevan)L2 students’ language-related difficulties in subject classes(Les difficultés langagières des étudiants allophones en classes disciplinaires)pp. 45-58
L’article résume les résultats d’un questionnaire en ligne produit pour le projet Conscience linguistique dans les matières scolaires, financé par le Centre Européen des Langues Modernes. Le but est d’explorer les problèmes langagiers des étudiants de L2 dans les classes disciplinaires, et d'identifier dans quelles situations, et comment les enseignants soutiennent leurs étudiants. Les résultats montrent que les défis principaux sont le vocabulaire disciplinaire, les discussions de classe, les présentations orales et la rédaction de textes cohérents. Les enseignants soutiennent leurs étudiants en les aidant avec le vocabulaire, en leur demandant de s’aider mutuellement et en reformulant les instructions. L’étude a des implications pour illustrer comment définir les objectifs langagiers des disciplines et rédiger des matériaux dans ce but.
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Sonia VANDEPITTE & Els LEFEVER (Ghent University)Translation as a multilingual activity in the digital era(La traduction en tant qu’activité multilingue à l’ère numérique )pp. 59-71
La traduction est une activité multilingue ancestrale dont l’importance croissante est saisie par le caractère pluridisciplinaire des études de traduction d'aujourd'hui. Cette contribution esquisse d'abord l'approche linguistique axée sur le produit, en se concentrant sur des textes dans différentes langues (traductions, textes sources et textes comparables) et en étudiant des caractéristiques de traduction très fréquentes telles que l'explicitation. En second lieu, nous présentons des enquêtes récentes menées sur le processus de traduction, qui donnent un aperçu de l'activité cognitive multilingue du traducteur en appliquant des méthodes d'enregistrement des frappes et de suivi oculaire. Un troisième et dernier type d'études s'est inspiré des progrès numériques des dernières années, qui ont conduit à un changement radical des activités des traducteurs, en leur faisant intégrer une gamme d'outils de Traduction Assistée par Ordinateur (TAO) dans leur flux de traduction multilingue quotidien.
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Hélène BLONDEAU (Floride, Etats-Unis)Pratiques langagières à Montréal et à Bruxelles : diversité et dualité linguistique(Language practices in Montréal and Brussels: diversity and linguistic duality)pp. 73-87
Cet article sur l’effet de la globalisation et de la super-diversité sur les pratiques langagières à Montréal et à Bruxelles, porte sur la fabrique sociolinguistique de deux métropoles francophones qui ont en commun une situation de contact linguistique résultant d’un développement historique et de migrations contemporaines. Après un aperçu des changements dans la dynamique du marché linguistique et une présentation des enjeux en matière d’aménagement linguistique, l’article fournit une analyse pour chaque métropole. Les pratiques langagières sont abordées sous trois angles : le répertoire linguistique des locuteurs, la description des usages et l’analyse des attitudes linguistiques et des représentations. Une attention particulière est dévolue à la contribution à la dynamique sociolinguistique locale des locuteurs se rattachant à la diversité culturelle.
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Hervé ADAMI (Université de Lorraine)La domination de l’anglais est-elle inéluctable ?(Is the English dominance inevitable?)pp. 89-103
Le multilinguisme a toujours existé. A toutes les époques et sous toutes les latitudes, d’innombrables langues ont coexisté. Dans les sociétés pré-nationales et pré-capitalistes, l’équilibre entre toutes ces langues a été globalement maintenu. Mais depuis l’apparition des Ḗtats-nations puis de la mondialisation économique, cet équilibre relatif est rompu. Les grandes langues nationales ont progressivement étendu leur domination sur leurs espaces politiques respectifs et sur l’ensemble de la planète par le biais des expansions coloniales. Parmi ces langues, l’anglais, dans le courant de la mondialisation capitaliste, tend même à s’imposer à toutes les autres. Cependant, sa domination n’est pas inéluctable parce que les langues ne sont pas des forces naturelles mais des instruments que les êtres humains savent et peuvent contrôler.