Sommaire des numéros

2012-2Langage et Cerveau
(Language and the brain)
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  • Présentation. Langage et cerveau
    (Presentation. Language and the brain)
  • Jean-François DÉMONET & Samuel PLANTON (Université de Lausanne / INSERM Toulouse)
    Langage et cerveau : vingt ans d’imagerie fonctionnelle
    (Language and the brain : twenty years of functional brain imaging)
    pp. 9-18

    La masse considérable de travaux publiés dans le domaine de la neuroimagerie fonctionnelle concernant les fonctions ou modalités du langage (compréhension et expression de la parole, lecture) ou les différents processus linguistiques qui les sous-tendent (sémantique, phonologie, syntaxe) permet  de dégager de grandes tendances en termes de substrats anatomiques. Si les « fondamentaux » issus des origines aphasiologiques du domaine n’ont pas été bouleversés, certaines spécificités non explorées par l’approche lésionnelle sont identifiables. Les méta-analyses, en regroupant les résultats de la littérature, nous procurent aujourd’hui une vision globale des substrats cérébraux du langage. Cependant la variabilité inter-individuelle reste importante en raison de multiples facteurs dont certains sont mal identifiés ; cartographier exhaustivement les fonctions du langage à l’échelle individuelle reste une gageure. La quête des images du langage est sans doute aussi inachevable que celle de l’étude du langage lui-même.


  • Sophie DE GUIRE OUELLET, Alban LETANNEUX, Maud CHAMPAGNE-LAVAU & Serge PINTO (Université d’Aix-Marseille / Aix-Marseille)
    Parole et langage dans la maladie de Parkinson : études en neuro-imagerie fonctionnelle
    (Language and Speech in Parkinson’s disease: studies in functional neuro-imaging)
    pp. 19-31

    Des troubles moteurs de la parole sont souvent présents dans les pathologies du mouvement. Notre objectif est ici de dresser un état de l'art concernant les études réalisées en neuro-imagerie fonctionnelle sur les troubles de la parole et du langage dans la maladie de Parkinson. L’ensemble des résultats nous fait envisager l’existence de « physiopathologies fonctionnelles » dépendantes de la fonction mise en jeu : le profil d’activation cérébrale implique un recrutement compensatoire spécifique qui relève tout autant de la nature motrice elle-même que des déficits d’activation liée à la pathologie. La variété des méthodologies utilisées, le faible nombre de patients étudiés et des conditions thérapeutiques non-homogènes rendent encore difficile la comparaison entre les études répertoriées.


  • Guillaume THIERRY & Eirini SANOUDAKI (Bangor University (UK))
    Activation syntaxique non-sélective à la langue chez le bilingue précoce
    (Non selective lexical access in early bilinguals)
    pp. 33-48

    Il est aujourd’hui communément accepté que l’accès au lexique ne soit pas sélectif à la langue en cours d’utilisation. En revanche, les connaissances dans le domaine de la syntaxe sont beaucoup moins avancées. Des études observationnelles de production ont rapporté de nombreux exemples d’emprunts syntaxiques entre langues chez l’enfant bilingue, emprunts qui persistent à l’âge adulte. Dans l’étude présentée ici, nous avons testé pour la première fois si de tels effets de co-activation syntaxique entre langues existent aussi en compréhension, dans le cas des bilingues précoces de haute fluence. Nous avons utilisé les potentiels évoqués et un paradigme de décision binaire susceptible de moduler l’amplitude de la composante N2 pour montrer que des participants bilingues gallois-anglais sont prêts à accepter un adjectif en position post-nominale dans une phrase en anglais, alors que cette séquence n’est pas grammaticale dans cette langue. Cet effet, absent dans le groupe contrôle de participants monolingues anglais, peut être interprété comme le résultat de l’activation de la grammaire galloise, étant donné que la position de l’adjectif est post-nominale en gallois. Nos résultats permettent de proposer que l’activation des systèmes syntaxiques est non-sélective chez le bilingue précoce pendant la compréhension de phrases écrites.


  • Déborah MÉLIGNE (INSERM Toulouse)
    Potentiels évoqués et accès aux représentations lexico-sémantiques de mots perçus de façon non consciente
    (ERPs and lexical access for target words and related prime words vs unrelated prime words)
    pp. 49-63

    La présente étude a pour objectif de déterminer que l’accès au sens d’un mot peut avoir lieu sans que nous ayons conscience d’avoir lu ce mot et que ce traitement sémantique peut dépendre de la classe grammaticale et/ou sémantique des mots. A cette fin, nous avons utilisé le paradigme d'amorçage subliminal qui permet une mesure indirecte de l’accès au sens des mots. Nous avons présenté aux participants un mot amorce de façon subliminale suivi de mots cibles identiques au mot amorce ou différents, à partir desquels ils devaient réaliser une tâche de décision lexicale. Notre première hypothèse pose que la présentation d’un mot amorce identique pourrait faciliter le traitement du mot cible de façon significative. Notre seconde hypothèse pose l’influence de la classe grammaticale et/ou sémantique des mots sur l’accès au sens. Une telle différence de traitement refléterait une organisation distincte des représentations lexico-sémantiques des mots au sein du cerveau.


  • Yves CHAIX, Isabelle BARRY & Karine DUVIGNAU (Toulouse)
    Semantic approximation in SLI and normal development
    pp. 65-76

    Au cours de l’acquisition du lexique, les enfants produisent des énoncés non conventionnels avec verbes du type « tuer une tomate ». Les études considèrent souvent que ces énoncés constituent des erreurs plutôt que des approximations qui manifestent la flexibilité sémantique des enfants et leur capacité à utiliser un langage approximatif mais pertinent qui leur permet de dépasser leur manque de vocabulaire. Dans cette étude, nous observons que des enfants atteints de troubles spécifiques du langage oral (TSL) produisent plus d’approximations sémantiques que les enfants typiques. Ce résultat montre que l’étude des énoncés non conventionnels ouvre un nouvel éclairage sur les profils lexicaux des enfants TSL et souligne leurs capacités à compenser leurs difficultés lexicales.


  • Virginie LAVAL, Sandrine LE SOURN-BISSAOUI, Pauline GIRARD, Claire CHEVREUIL & Marc AGUERT (Université de Poitiers / Université Rennes 2 / CHGR Rennes / Université de Caen)
    Prosodie émotionnelle et compréhension des actes de langage expressifs chez des enfants et adolescents avec un Trouble du Spectre Autistique
    (Emotional prosody and understanding of expressive language acts with children and adolescents with Autism Spectrum Disorders)
    pp. 77-88

    Cette recherche se propose d’étudier le rôle de la prosodie émotionnelle dans la compréhension d’actes de langage expressifs par des enfants et des adolescents présentant un Trouble du Spectre Autistique (TSA). Vingt-six participants avec TSA et vingt-six témoins typiques doivent déterminer l’état émotionnel du locuteur à partir d’une épreuve informatisée de complètement d’histoires. Les énoncés proposés sont dépourvus de contenu sémantique (pseudo-énoncés), combinés à une prosodie négative ou positive et présentés dans deux conditions : imbriqués dans un contexte (positif ou négatif) ou isolés. Lorsque la prosodie est en compétition avec le contexte, les participants avec TSA utilisent moins la prosodie positive que leurs témoins. La discussion se focalise sur les déficits inférentiels et exécutifs présents dans les TSA.


  • Maud CHAMPAGNE-LAVAU, Laura MONETTA & Noémie MOREAU (Université d’Aix-Marseille / Université Laval (Québec) / Centre hospitalier du Pays d'Aix)
    Impact of educational level on metaphor processing in older adults
    pp. 89-100

    La capacité à comprendre le langage non littéral est une composante essentielle de notre communication quotidienne et un amoindrissement de cette capacité pourrait avoir un impact sur notre vie sociale ; très peu d’études ont cependant examiné la façon dont le niveau d'éducation affecte cette capacité chez les personnes âgées. Comprendre les métaphores, comme beaucoup d'autres énoncés non littéraux, produit une apparente nécessité d’aller par-delà de ce qui est littéralement dit pour appréhender l'intention de communication du locuteur et, par conséquent, le sens de ses énoncés. Le but de cette étude était d'évaluer l'effet du niveau d'éducation sur la compréhension des métaphores chez des individus âgés. Les participants âgés droitiers ont été évalués en utilisant un paradigme d'amorçage sémantique. Les résultats montrent que le niveau d’éducation des participants joue un rôle important dans le traitement de la métaphore.


  • Joël MACOIR, Marion FOSSARD & Noémie AUCLAIR OUELLET (Université Laval (Québec) / Université de Neuchâtel (Suisse) / Institut en santé mentale de Québec)
    Les troubles morphologiques flexionnels dans la maladie de Parkinson : origine procédurale et/ou exécutive ?
    (Is impairment of inflectional morphological processes with Parkinson’s patients procedural or executive or both ?)
    pp. 101-115

    La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative caractérisée par des troubles moteurs mais également par des troubles cognitifs affectant la mémoire de travail, la mémoire déclarative et les capacités attentionnelles. Sur le plan du langage, on relève aussi dans cette maladie la présence de troubles de la morphologie flexionnelle. Dans cet article, nous présentons et discutons des appuis respectifs aux propositions procédurales et exécutives relatives à l'origine fonctionnelle des troubles morphologiques flexionnels dans la maladie de Parkinson. Nous rapporterons également les résultats d'une étude que nous avons menée récemment auprès de 15 sujets souffrant de la MP et qui suggère une contribution, non spécifique au langage, des ganglions de la base aux processus exécutifs impliqués en morphologie flexionnelle.


  • Catherine SAGOT, Thi Mai TRAN & Jérémie PARIENTE (CHU de Toulouse / Institut d’Orthophonie de Lille / CHU de Toulouse)
    Développement d'une batterie francophone pour l'évaluation des troubles du langage dans les maladies neurodégénératives : 10 ans de recherche sur les aphasies primaires progressives
    (Development of a French battery specific for the assessment of language impairment in neurodegenerative diseases : 10 years of research on Primary Progressive Aphasia)
    pp. 117-133

    Les troubles du langage peuvent être les symptômes initiaux des maladies neurodégénératives. Si ces troubles linguistiques restent isolés plus de deux ans, ils s'inscrivent dans le cadre nosologique des aphasies primaires progressives (APP). Depuis les travaux originaux de Mesulam en 2001, la caractérisation tant clinique que physiopathologique a très largement évolué et a donné lieu à une classification précise de ces syndromes. Dans cet article, nous faisons état des avancées récentes dans le champ des APP et expliquons dans quelle mesure l'analyse de cette littérature nous a permis de développer une batterie francophone dédiée aux troubles du langage dans les maladies neurodégénératives.


Comptes rendus
  • Parcours d’évaluation, d’apprentissage et d’enseignement à travers le CECR, de E. Piccardo, M. Berchoud, T. Cignatta, O. Mentz & M. Pamula
    par L. Verstraete-Hansen
    pp. 134-135