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Hervé ADAMI (Université de Lorraine)La domination de l’anglais est-elle inéluctable ?
(Is the English dominance inevitable?)2018, Vol. XXIII-2, pp. 89-103Le multilinguisme a toujours existé. A toutes les époques et sous toutes les latitudes, d’innombrables langues ont coexisté. Dans les sociétés pré-nationales et pré-capitalistes, l’équilibre entre toutes ces langues a été globalement maintenu. Mais depuis l’apparition des Ḗtats-nations puis de la mondialisation économique, cet équilibre relatif est rompu. Les grandes langues nationales ont progressivement étendu leur domination sur leurs espaces politiques respectifs et sur l’ensemble de la planète par le biais des expansions coloniales. Parmi ces langues, l’anglais, dans le courant de la mondialisation capitaliste, tend même à s’imposer à toutes les autres. Cependant, sa domination n’est pas inéluctable parce que les langues ne sont pas des forces naturelles mais des instruments que les êtres humains savent et peuvent contrôler.
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Hélène BLONDEAU (Floride, Etats-Unis)Pratiques langagières à Montréal et à Bruxelles : diversité et dualité linguistique
(Language practices in Montréal and Brussels: diversity and linguistic duality)2018, Vol. XXIII-2, pp. 73-87Cet article sur l’effet de la globalisation et de la super-diversité sur les pratiques langagières à Montréal et à Bruxelles, porte sur la fabrique sociolinguistique de deux métropoles francophones qui ont en commun une situation de contact linguistique résultant d’un développement historique et de migrations contemporaines. Après un aperçu des changements dans la dynamique du marché linguistique et une présentation des enjeux en matière d’aménagement linguistique, l’article fournit une analyse pour chaque métropole. Les pratiques langagières sont abordées sous trois angles : le répertoire linguistique des locuteurs, la description des usages et l’analyse des attitudes linguistiques et des représentations. Une attention particulière est dévolue à la contribution à la dynamique sociolinguistique locale des locuteurs se rattachant à la diversité culturelle.
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Hélène BLONDEAU (Floride, Etats-Unis)Hors de LA norme point de salut ? La piste montréalaise de la variation des hypothétiques en si
(No salvation outside THE norm ? The Montreal study of variations in hypothetical si-clauses)2012, Vol. XVII-1, pp. 55-66A travers le suivi d'une cohorte de douze Montréalais de 1971 à 1995, cet article examine la variation entre la morphologie du conditionnel et de l'imparfait dans les propositions hypothétiques en si. Les deux variantes, bien en place dans le système des normes implicites de l'oral, s'opposent quant aux valeurs qu'on leur accorde dans le débat normatif. L'analyse indique une influence de la distance et de la potentialité de l'événement. A cause de la vacillation des fréquences selon l'année, l'étude ne peut confirmer l'hypothèse d'un changement à la faveur de la morphologie du conditionnel. Cette étude de cas documente la variation chez l'individu au cours de la vie et son lien avec la variation et le changement à l'échelle communautaire.
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Jean-Marc DEWAELE & Nathalie WOURM (Londres, Grande-Bretagne)L'acquisition de la compétence sociopragmatique en langue étrangère
(Acquisition of sociopragmatic competence in a foreign language)2002, Vol. VII-2, pp. 129-143La présente étude fait le point sur les recherches dans l'acquisition de la compétence sociopragmatique en langue étrangère. Le point de départ est le "hardware", c'est-à-dire le cerveau du bilingue et le stockage de différents types d'information pragmatique et linguistique. Ensuite nous adoptons une perspective d'enseignant et considérons comment l'aspect sociopragmatique de la langue cible est intégré dans les manuels de langue et dans les classes de langue. Enfin nous passons en revue un certain nombre d'études sur l'enseignement, l'acquisition et l'usage de la compétence sociolinguistique et pragmatique en langue étrangère. Les implications théoriques et didactiques de ces recherches sont traitées dans la dernière partie de l'étude.
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Jacques DURAND & Anne PRZEWOZNY (Toulouse)La phonologie de l'anglais contemporain : usages, variétés et structure
(Phonology of Contemporary English: usage, varieties and structures)2012, Vol. XVII-1, pp. 25-37Le projet PAC (Phonologie de l'Anglais Contemporain : usages, variétés, structure) se propose de fournir un portrait précis de l'anglais oral dans son unité et sa diversité géographique, sociale et stylistique. Fondé sur des critères laboviens, le projet permet de décrire les accents rhotiques et non-rhotiques de l'anglais, les variétés standard traditionnelles comme les variétés postcoloniales plus récentes. Le corpus constitué permet aux chercheurs d'analyser et de comparer des caractéristiques intervariétales telles que la rhoticité ou des phénomènes plus spécifiques comme la longueur vocalique en anglais australien ou la rhoticité variable en Nouvelle-Zélande. Le programme collaboratif LVTI, issu de la méthodologie des projets PAC et PFC, permet une enquête sociolinguistique interdisciplinaire des grands centres urbains que sont Manchester et Toulouse.
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Françoise GADET, Ralph LUDWIG, Lorenza MONDADA, Stefan PFÄNDER & Anne-Catherine SIMON (Paris Ouest / Halle, Allemagne / Bâle, Suisse / Fribourg, Allemagne / Louvain-la-Neuve, Belgique)Un grand corpus de français parlé : le CIEL-F. Choix épistémologiques et réalisations empiriques
(A large corpus of spoken French : CIEL-F. Epistemological choices and empirical outcome)2012, Vol. XVII-1, pp. 39-54Cet article présente d'un point de vue épistémologique et empirique le travail de constitution du Corpus International Ecologique de la Langue Française, grand corpus de français parlé bientôt disponible sur la toile. On y explique la réflexion ayant guidé le recueil des données (approche écologique, comparabilité de zones de la francophonie et situations de communication) et les choix effectués (aires communicatives et types d'activités documentés) en vue d'analyses relevant de domaines diversifiés (variation, interaction, multimodalité, français en contact, syntaxe orale), pour tenter de combler plusieurs lacunes des corpus oraux actuels. On aborde également la question de la mise en réseau des experts, des problèmes liés aux différents terrains, ainsi que de la standardisation, l'archivage et la diffusion des données collectées (enregistrements audio et vidéo, transcriptions, métadonnées), avant de présenter quelques exemples d'analyses comparées.
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Isabelle LÉGLISE (Tours)Lorsque des linguistes interviennent : écueils et enjeux
(The risks one takes when linguists intervene)2000, Vol. V-1, pp. 5-13 -
Lorenza MONDADA (Bâle, Suisse)Interactions en situations professionnelles et institutionnelles : de l'analyse détaillée aux retombées pratiques
(Interaction in the context of work: thorough analysis and practical effect)2006, Vol. XI-2, pp. 5-16 -
Isabelle PIEROZAK (Aix-en-Provence)Approche sociolinguistique des pratiques discursives sur Internet: « ge fé dais fotes si je voeux »
(Sociolinguistic approach of French writing on internet: "ge fé dais fotes si je voeux")2000, Vol. V-1, pp. 89-104Les conversations électroniques, maintenant massives sur les canaux IRC spécialisés, témoignent de l'existence d'un écrit à la fois ordinaire non confidentiel dont l'étude est menée, au regard de la problématique identitaire, selon une approche double et complémentaire, reliant l'hétérogénéité des pratiques (ortho)graphiques et les représentations sociolinguistiques qui les organisent identitairement. Il apparaît que les pratiques discursives des internautes sont aussi et surtout le lieu privilégié - en l'absence d'autres moyens - du marquage linguistique d'éléments extralinguistiques, ce processus reposant sur les représentations sociolinguistiques des internautes.
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Patrick RENAUD (Paris 3)Actions sur les langues et les situations linguistiques : observer les pratiques
(Taking action on languages and language situations: looking at the practice)2004, Vol. IX-2, pp. 81-94Le bilinguisme peut donner matière à deux approches différentes : l’une, traditionnelle, constitue les langues en objets préexistant à leur enseignement, soigneusement séparés dans leur description, leur identification, leur utilisation ; l’autre s’inscrit dans l’observation des pratiques langagières ordinaires, c'est-à-dire dire du langage dans l’action, traitant les langues comme des objets socialement produits, instables, et catégorisés dans le cours même des activités.
C’est dans cette seconde approche que s’inscrit la présente contribution qui analyse des interactions bilingues dans diverses activités. Deux observations s’en dégagent : l’interaction bilingue, loin d’être épuisée par une description de l’alternance des langues identifiées, se laisse analyser en diverses ‘couches’ plus fines, depuis les divers sous-systèmes de la langue jusqu’aux adresses et autres façons de dire, que l’activité discursive investit au mieux de leur adéquation à l’action en cours. De telles analyses des langues en relation à des pratiques sociales conduisent à s’inquiéter des effets réducteurs, sinon destructeurs, de modèles de gestion des situations linguistiques fondés sur la première approche, scolaire, du bilinguisme. -
Didier ROBILLARD (DE) (Tours)Langue(s) et intervention en matière sociale. Vers de nouveaux partenariats
(Sociolinguistic approach of French writing on internet: "ge fé dais fotes si je voeux")2000, Vol. V-1, pp. 105-123Cette contribution s'attache à explorer, de manière historique d'abord, puis à une époque plus contemporaine, la place de la dimension linguistique dans les discours tenus sur l'intervention en matière sociale. Des raisons diverses expliquent l'absence de la langue dans ces discours, mais, plus on s'approche de l'époque actuelle, plus on voit apparaître la prise en compte de cette dimension, quoique assez timidement. L'auteur défend l'idée que des relations plus étroites entre travail social et linguistique seraient dans l'intérêt de tous : usagers des services sociaux, travailleurs sociaux, linguistes.
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Claire SAILLARD (Paris 7)Quand variété veut rimer avec officialité ou la situation sociolinguistique de Taiwan
(The sociolinguistic situation in Taiwan)1998, Vol. III-1, pp. 87-99Les langues parlées à Taiwan appartiennent pour une part à la famille linguistique austronésienne, et pour l'autre à celle des langues chinoises. L'état de standardisation écrite de ces diverses variétés est abordé dans l'article. L'origine historique et les statuts relatifs des divers groupes ethno-culturels (austronésiens et han) dans la société taiwanaise actuelle sont décrits. La vitalité des langues est mise en rapport avec les caractéristiques sociales de ces groupes. En finale, la question de l'officialité du plurilinguisme est soulevée.
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Sandrine WACHS (Paris 10)L'influence de l'âge sur la prononciation du français en Ile-de-France
(The influence of age on the pronunciation of French in Ile de France)1998, Vol. III-1, pp. 57-66La langue parlée varie-t-elle avec l'âge des locuteurs ? On se propose dans cet article de s'intéresser aux différentes formes de "relâchement" de la prononciation du français parlé en Ile-de-France et de les confronter à l'âge des locuteurs qui produisent ces formes. Cette étude sociolinguistique permet de montrer que tout le monde relâche sa prononciation en situation de conversation non surveillée. Seules les réductions de "mots discursifs" (ponctuants et phatiques) sont caractéristiques des locuteurs âgés de moins de 45 ans.
Sociolinguistique